Homogreffes décellularisées fraîches employées pour le remplacement valvulaire pulmonaire : une décennie d’expérience clinique

 

PD Dr. med. Samir Sarikouch¹*, Dr. med. Alexander Horke¹*, Dr. med. Igor Tudorache¹, Prof. Dr. med. Philipp Beerbaum², PD Dr. med. Mechthild Westhoff-Bleck³, PD Dr. med. Dietmar Böthig¹,², Dr. med. Oleg Repin⁴, Dr. med. Liviu Maniuc⁴, Prof. Dr. med. Anatol Ciubotaru⁴, Prof. Dr. med. Axel Haverich¹ und PD Dr. med. Serghei Cebotari¹

 

¹ Département de chirurgie cardiaque, thoracique, transplantatoire et vasculaire de l’École de Médecine de Hanovre, Allemagne

² Département de cardiologie pédiatrique et unité de soins pédiatriques intensifs

³ Département de cardiologie et d’angiologie de l’École de Médecine de Hanovre, Allemagne

⁴ Centre Républicain de chirurgie cardiaque de l’Université d’État de Médecine et de Pharmacie, Chisinau, Moldavie

* Samir Sarikouch et Alexander Horke ont contribué à parts égales.

 

Titre abrégé : Homogreffes décellularisées employées pour le RVP

Mots-clés : cardiopathie congénitale, remplacement valvulaire pulmonaire, ingénierie tissulaire, homogreffe, décellularisation ;

 

Adresse de correspondance :

Samir Sarikouch MD, PhD

École de Médecine de Hanovre

Département de chirurgie cardiaque, thoracique, transplantatoire et vasculaire

(Directeur médical : Prof. Dr. med. A. Haverich)

Carl-Neuberg-Str. 1, 30625 Hanovre, Allemagne

Tél. : +49-(0)511-532-5567, Fax: +49-(0)511-532-18502

Courrier électronique : sarikouch.samir(at)mh-hannover.de

 

ABSTRACT

Contexte : Employées pour le remplacement valvulaire pulmonaire (RVP), les homogreffes décellularisées ont donné des premiers résultats prometteurs chez les patients avec cardiopathie congénitale. La première application clinique chez les enfants a été réalisée en 2002, d’abord en préensemençant les homogreffes décellularisées avec des cellules progénitrices endogènes. Depuis 2005, on n’implante que des allogreffes décellularisées fraîches et non-ensemencées, après que plusieurs équipes ont démontré une recellularisation spontanée.

 

Méthodes : En réalisant une comparaison appariée, on a comparé les homogreffes pulmonaires décellularisées fraîches (HPD), destinées à être implantées en vue de RVP, aux homogreffes cryopréservées (HC) et aux tubes valvés de veine jugulaire de bœuf (VJB). Les paramètres employés pour l’appariement étaient l’âge du patient au moment de l’implantation, le type de malformation congénitale, le numéro d’interventions chirurgicales précédentes ainsi que le numéro de RVP précédents, le tout en utilisant un registre actuel de conduits valvés pour la voie de sortie du VD (en anglais : registry of right ventricular outflow tract conduits) (2 300 conduits enregistrés, >12 000 années-patient).

 

Résultats : De janvier 2005 à septembre 2015, un total de 131 HPD ont été implantées en vue de RVP, dont 38 dans le cadre d’études cliniques prospectives sur les HPD qui sont en cours depuis août 2014, ce pourquoi celles-ci n’ont pas été analysées dans la présente étude.

La cohorte comptait 93 patients avec HPD (dont 58 hommes et 35 femmes), appariés à 93 patients avec HC et à 93 patients avec VJB, respectivement. L’âge moyen au moment de l’implantation des HPD était de 15,8 ± 10,21 ans (HC 15,9 ± 10,4 ; VJB 15,6 ± 9,9) et le diamètre médian des HPD était de 23,9 mm (HC 23,3 ± 3,6 ; VJB 19,9 ± 2,9). Le suivi chez les patients avec HPD était de 100 % incluant 905 examens avec une période de suivi moyenne de 4,59 ± 2,76 années-patient (patients avec HC 7,4 ± 5,8 ; patients avec VJB 6,4 ± 3,8) et s’élevant à un total de 427,27 années-patient (patients avec HC 678,3 ; patients avec VJB 553,0). La tétralogie de Fallot représentait la malformation la plus fréquente (50,5 % chez les patients avec HPD, 54,8 % chez les patients avec HC et 68,8 % chez les patients avec VJB).

Après 10 années, le taux d’absence d’explantation était de 100 % pour les HPD, de 84,2 % pour les HC (p = 0,01) et de 84,3 % pour les VJB (p = 0,01). Absence d’explantation ainsi que d’un gradient maximal transprothétique du conduit de ≥ 50 mmHg chez 86 % des HPD, 64 % des HC (n.s.) et 49 % des VJB (p<0,001).

100 % des patients avec HPD, 97,3 ± 1,9 % des patients avec HC appariés (p = 0,2) et 94,3 ± 2,8 % des patients avec VJB (p = 0,06) étaient dépourvus d’endocardite infectieuse. Contrairement à d’autres prothèses valvulaires (VJB), les Z-scores des diamètres des anneaux des valves HPD ont convergé vers de normaux Z-scores durant la période d’observation.

 

Conclusions : Les résultats à moyen terme des HPD employées pour le RVP confirment des résultats précédents concernant des taux réduits de ré-interventions en comparaison avec les HC et les VJB.

 

 

 

Traduction française par Irina Schulthess.